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4 juin 2012 1 04 /06 /juin /2012 16:56

Portrait-officiel-de-Hollande-par-Depardon---ca-marche-ou.png

 

 

Le portrait officiel de François Hollande est dévoilé : il est signé Raymond Depardon, figure monumentale – patrimoniale presque – de la photo en France.

Il offre une image un brin champêtre du 24e président de la République dans le parc de l’Elysée, qui rompt avec la traditionnelle photographie du Président dans sa bibliothèque (façon Mitterrand ou Sarkozy) et s’inscrit dans une mouvance étonnemment chiraquienne.


Le portrait officiel de François Hollande (Raymond Depardon)

La photo répond aux codes normatifs de l’exercice. Certains chroniqueurss’enflamment déjà, invoquant une « incontestable réussite », « le génie » de Depardon, le côté « rassurant » du cliché. Mouais...

VGE reste le Président le mieux servi par son photographe officiel en 1974,Jacques-Henri Lartigue.

Au final, Depardon « fait le boulot » et au passage, gère habilement les droits du making of de la photo officielle, via l’agence Magnum. Les photos des coulisses du portrait sont publiées sur le site du Monde.

Depardon : « C’est pas n’importe qui »

Raymond Depardon raconte aux Inrocks :

« Comme tout le monde, j’ai regardé les anciennes photos et noté les impératifs, comme la présence des drapeaux tricolore et européen. Nous nous sommes installés dans le parc de l’Elysée, il faisait beau. J’avais une demi-heure. [...] Mon idée, c’était de ne pas le faire poser, donc pas de pied pour mon appareil et j’ai demandé à François Hollande de marcher vers moi. [...] C’est pas n’importe qui, on parle d’un monsieur qui va se retrouver dans tous les bâtiments publics pour les cinq années à venir. »

 

 

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11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 10:23

REGARDEZ - Laurent Gerra se moque de François Hollande dev

 

 

En 30 ans, un jeune énarque est devenu président de la République à force de travail et d'engagement. Images inédites.

REGARDEZ. L'irrésistible ascension de François Hollande

 

L'enfance du chef est toujours ce qui fait le sel des romans de cape et d'épée, comme des comédies sentimentales américaines.

En politique, c'est là que se forgent les caractères, que se définissent les stratégies, que s'affirment les ambitions, que se nouent les amitiés et que se cristallisent les haines...

Pour François Hollande, tout a commencé comme un grand écart : conseiller de l'ombre de Jacques Attali, lui-même conseiller spécial de François Mitterrand en 1981, et jeune hussard à l'assaut d'un département ancré à droite : la Corrèze. On sait où tout cela l'a mené. C'est cette saga que les journalistes Caroline Roux et Benoît Bertrand-Cadi ont racontée dans un documentaire fraîchement diffusé par Canal+.

Produit par Caméra Subjective, il revient sur le parcours de "ce petit chose" sur lequel les caciques du PS n'avaient pas misé grand-chose et qui se retrouve aujourd'hui premier personnage de l'État. Voici François Hollande par ses mentors et les témoins de ses premiers pas.

REGARDEZ les passages sur l'enracinement de François Hollande en Corrèze :

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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 10:09

LeMonde2012

 

 

 

CarteLeMonde

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6 mai 2012 7 06 /05 /mai /2012 23:33

01-Mediapart

 

 

C’est une scène qui en dit long sur le parcours du nouveau président François Hollande, élu ce dimanche soir avec près de 52 % des voix. Elle se passe à la Plaine-Saint-Denis, à quelques dizaines de minutes de son débat d’entre-deux tours face à Nicolas Sarkozy. Devant les studios, les ouvriers de PSA-Aulnay manifestent leur inquiétude d’un licenciement au lendemain de l’élection présidentielle. Ils ont été reçus par deux membres de l’équipe socialiste, mais le candidat choisit d’aller au devant d’eux. 


Tout au long de sa campagne, il a voulu montrer que le PS parlait de nouveau aux ouvriers. Vingt ans plus tôt, en 1992, François Hollande n’est encore que député de Corrèze. Bientôt sanctionné dans les urnes législatives six mois plus tard, il reçoit la première gifle politique de sa prometteuse carrière de techno mitterrandien devenu fils spirituel de Jacques Delors. À cette époque, face aux ouvriers de la Manufacture d’armes de Tulle, privatisée et rachetée par Giat industries, il avait eu ce dialogue avec les salariés, rapporté dans la biographie de Serge Raffy (François Hollande – Itinéraire secret, Fayard), essayant de convaincre que le nouveau statut de l'entreprise aiderait à sauvegarder les emplois :

— Tu nous baratines ! Les emplois, ils resteront pas. T'en fais pas, va ! On s'en souviendra aux élections.
— Alors, tu préfères la droite ?
— Tu es la droite !

Face aux ouvriers d’Aulnay-sous-Bois, à qui il a « donné rendez-vous » une fois élu, avant de se faire applaudir, sans doute a-t-il aussi pensé à son dernier mentor, Lionel Jospin, quand, en 1999, il confessait à la télévision qu’il ne fallait « pas tout attendre de l’État », après l’annonce d’un plan de 8 000 licenciements à l’usine Michelin de Clermont-Ferrand. Résumé dans la mémoire collective en « L’État ne peut pas tout », cet aveu est jugé fondateur de la lente descente aux enfers des socialistes, jusqu’au 21 avril 2002. Le 13 mars de cette année-là, la confrontation entre le premier ministre et les ouvriers de Lu, à Évry, restera également comme un des moments forts de la campagne catastrophique du socialiste (en lire plus ici)…


« Cette formule (“L’État ne peut pas tout”) était juste et je la revendique pleinement en ce qu'elle signe un rapport de vérité dans la relation politique », a pourtant écrit le député et président du conseil général de Corrèze (Droit d'inventaires, entretiens avec Pierre Favier, Seuil, 2009). Mais le candidat Hollande a tenu compte de l’histoire politique. Et bien qu’ayant revendiqué et gardé le cap d’une ambition sociale-démocrate empreinte de rigueur budgétaire et d’ouverture européenne, il a réappris à parler aux ouvriers (comme ici, face aux Goodyear, à Amiens, en octobre dernier).

 

Selon les “sondages sorties des urnes”, il arrive en tête et a recueilli autour de 30 % chez cet électorat au premier tour, bien plus que la quinzaine de points obtenus par Lionel Jospin en 2002, et un peu plus que Ségolène Royal en 2007. Il a rempli la condition préalable et nécessaire à la réussite de son incroyable pari lancé voilà plus de deux ans, et sur lequel bien peu avait misé : devenir le premier président de la République issu du PS après François Mitterrand.

Dorénavant, « il est la gauche ». Ou plutôt, la « social-démocratie moderne ». « Aujourd'hui, la question n'est pas de vendre aux couches populaires la fin du capitalisme. Le problème est de leur dire qu'elles peuvent réussir comme les autres », nous expliquait en novembre 2010 son fidèle bras droit et organisateur de la campagne, Stéphane Le Foll. Son vieil ami, Michel Sapin abonde :« L'aspiration du Français porte à la fois sur la protection de ses droits, ou leur augmentation, et à ce qu'on s'intéresse à lui, à sa situation personnelle, surtout dans les couches populaires. La social-démocratie moderne, c'est ça. » 

La victoire de François Hollande, ce dimanche soir, résonne comme le succès d’une synthèse des lignes politiques socialistes historiques, opérée par celui à qui il a longtemps été reproché de ne savoir faire rien d’autre à la tête du PS. Au-delà des considérations tactiques et de la force de la stratégie hollandaise, le tombeur de Nicolas Sarkozy est le symbole de la maturation des échecs de la première gauche mitterrandienne comme de la social-démocratie jospino-mendésiste, le tout mâtiné de “socialisme local”, une des marques d’un parti peu à peu devenu celui des collectivités territoriales et des villes grandes et moyennes.

« Faisons, mais n'emmerdons pas le monde »

Mais cet art de la synthèse transposé à la conquête de l’Élysée a aussi été synonyme de recentrage idéologique. Ses amis corréziens avaient déjà décrit à Mediapart, en décembre dernier, le “socialiste modéré” Hollande : un homme sensible aux mouvements du pays, qui a une sainte horreur de la confrontation. Volontairement ambigu dans son approche de la politique, en tout cas sachant manier l’incertitude à son profit. À la façon de son modèle, Henri Queuille, député radical-socialiste corrézien. Un symbole d'opportunisme sous la IVe République. Mais aussi un homme d'État, trois fois président du conseil.

Pour son successeur à la mairie de Tulle, Bernard Combes,« François a beaucoup appris de la Corrèze, dans ce radical-socialisme fait d'équilibre entre protection collective et initiative individuelle ». Il détaille : « Il préfère l'entrepreneur qui a une idée à celui qui vient chercher un poste de fonctionnaire territorial. Sa politique se résume aussi à cette réponse qu'il me faisait souvent : “Faisons, mais n'emmerdons pas le monde”. »

 

François Hollande le 20 avril.François Hollande le 20 avril.© Thomas Haley

 

À la tête du PS, comme lors de la primaire, il a toujours dans sa manche le même atout décisif : à chaque fois, il est sous-estimé par ses concurrents ou adversaires, qui n’ont jamais cessé de lui trouver de cruels surnoms (« Flamby », « Fraise des bois », « Guimauve le conquérant »…) ou imaginer qu’ils feraient de lui une bouchée (« Je vais l’exploser », prédisait ainsi Nicolas Sarkozy avant son débat d’entre-deux tours). Mais à la façon des Allemands en football, c'est toujours lui qui gagne à la fin.

« Je n’ai pas de rancœur, parce que je veux gagner, confiait à ce sujet Hollande à des journalistes, à la veille du premier tour. Si j’avais de la rancœur, je me perdrais moi même. Je perdrais du temps. » Plus mitterrandien que jamais, il dit « J’ai de la mémoire mais cela ne me conduit pas à modifier mes choix ou à ne pas faire confiance aux gens qui ne m’ont pas toujours soutenu. Pour gagner, j’ai besoin du concours de tous et tous me l’ont apporté.» Et de noter avec ironie ce clin d’œil du destin « Ce qui m’amuse toujours, c’est que si mes camarades m’avaient écouté, je n’aurais pas été désigné. J’étais contre les primaires et contre le calendrier»

À de maintes reprises, Hollande a explicité sa surprenante notion de« président normal » par le contexte dans lequel il a concouru à la fonction suprême. « Je corresponds à un moment », a-t-il ainsi l’habitude de répéter à chacun de ses meetings. Mais quel est donc ce « moment Hollande », qui parvient à le hisser dans l’histoire de la gauche française, lui, un honnête dirigeant socialiste qui n’a jamais été ministre malgré ses bientôt 58 ans, et sans charisme extravagant ?

Une ligne en adéquation avec une stratégie
François Hollande le 20 avril.François Hollande le 20 avril. © Thomas Haley

Avant tout, le « moment Hollande » est celui d’un président sortant que l’ensemble de l’électorat et du peuple de gauche voulait à tout prix sortir. L’antisarkozysme est son cap stratégique : son objectif est de gérer une avance qui ne peut être remontée, estimait-il au lendemain de son succès à la primaire socialiste. Le jour de son investiture, le 23 octobre dernier, il disait déjà ne jamais croire aux sondages le donnant alors à 35 % au premier tour, appelant plutôt à arriver en tête au premier tour. Un appel qu’il martèlera tout au long de la campagne, et qui a convaincu un certain électorat enclin à voter écolo ou Front de gauche.

Son ancien chef de cabinet, Olivier Faure, aujourd’hui proche de Jean-Marc Ayrault, favori pour Matignon, nous expliquait ainsi, il y a un mois, la stratégie en cours « François a beaucoup de sang-froid, il n’est pas du genre à se laisser embarquer par les sondages. Ce qui importe, c’est de tenir notre cohérence jusqu’à la fin, sans donner de prises à l’agitation du camp en face. On surveille les sondages quotidiens et l’hyperaction un peu désespérée de Sarkozy comme le lait sur le feu… Il nous faut maintenir le débat sur le bilan catastrophique, faire gaffe à notre score de premier tour, qui doit tourner autour de 26-28 %, et veiller à ce que le ciment républicain continue à prendre pour le second. » Au final, il fera 28,6 %, et finira devant son meilleur ennemi.

Et peu importe qu’on ne retrouve pas toujours l’enthousiasme et la nouveauté de la campagne de Ségolène Royal en 2007, et que la dynamique à gauche a pu être contestée par le Front de gauche. Dans un entretien au Monde, Hollande confiait: «Je préfère gagner une élection présidentielle avec un peu moins d'enthousiasme que de la perdre avec beaucoup plus de ferveur.»

À la veille du premier tour, il glissait, à propos de son absence de prises de risque « C’est comme cela que j’ai gagné la primaire. Je savais que la droite cherchait la faute pour discréditer la gauche. Je revendique cela. Les gens veulent gagner et ils me reconnaissent comme étant celui qui peut gagner ». « François Hollande a mené une campagne rassurante. Il n’y a pas plus rassurant que sa campagne », dit un autre de ses proches, le député Bruno Le Roux.

Cette prudence a aussi l’intérêt de s’accorder avec la stratégie de campagne choisie sur le programme. Un projet de 60 propositions, un condensé de “réalisme socialiste” (lire notre analyse) dévoilé dès janvier, et qui ne sera presque jamais remanié. « Dans cette campagne, on me demande toujours si je n’ai pas une proposition à ajouter, expliquait Hollande à la mi-mars. J’ai eu la volonté de présenter 60 propositions et 60 engagements, et donc de faire en sorte que les Français sachent bien quel est le sens de l’action que je veux conduire.» 

Meeting du Bourget le 22 janvier.Meeting du Bourget le 22 janvier.© Thomas Haley

 

La remontée de Nicolas Sarkozy dans les sondages ? « Un effet prévisible» La percée de Mélenchon ? « Rien d’inquiétant» Pour les socialistes, la tuerie de Toulouse du 22 mars dernier a fait office de révélateur. « Là où on pouvait penser que cela allait beaucoup modifier la tonalité et les thèmes de campagne, et où l’on pensait devoir modifier notre approche, ce sont les fondamentaux qui remontent : la critique du bilan du quinquennat et l’économique et le social », estime Michel Sapin, chargé du projet du candidat Hollande.

Sur le fond, Hollande se veut davantage dans la ligne jospino-mendésiste, réformiste et pragmatique face à l’économie de marché, une ligne idéologique qu’il pense en phase avec le contexte. Apaisement et réconciliation du pays, ou le pari de la modération programmatique, malgré la crise, face aux “caractères” Sarkozy, Le Pen ou Mélenchon. « Il y a la gauche et il y a Bayrou : il faut mordre des deux côtés car tout se joue au premier tour, cette fois plus encore qu’aux autres présidentielles, professait Stéphane Le Foll le jour de la présentation de son programme fin janvier. Entre ces deux pôles, François doit garder sa ligne, avec une vraie constance. »

Une seule audace aura marqué sa campagne : la proposition de taxer à 75 % les revenus annuels supérieurs à un million d’euros. Alors même que la mesure ne concerne que de 10 000 à 20 000 personnes, elle revêt un intérêt stratégique et survient au moment où sa campagne stagne un peu après l’entrée en lice tonitruante de Nicolas Sarkozy. D’une pierre deux coups, son annonce, qui surprend jusque parmi ses plus proches, lui permet de réaffirmer son présidentialisme comme de s’ancrer à gauche, à peu de frais (lire ici notre analyse). « Dans un premier temps, vous êtes toujours dans la réponse aux à-coups. Cela a arrêté net la spirale de la proposition tous azimuts de Sarkozy », nous disait alors Michel Sapin.

Sa seule prise de risque réelle sera ensuite d’aller sur le terrain de Sarkozy lors de l’entre-deux tours, adoptant une ligne dure sur l’immigration en raison du score élevé du FN, au détriment de l’économie et de social. Au risque de se couper d’une part de l’électorat de Mélenchon, et de la gauche humaniste en général. Mais il faut alors endiguer la remontée rêvée de Sarkozy, et ne pas se laisser piéger comme Jospin en son temps, au jeu du soi-disant angélisme socialiste.

Habileté bonhomme
Meeting de François Hollande à Rouen, 15 février.Meeting de François Hollande à Rouen, 15 février.© Thomas Haley

À la fois dans la maîtrise du temps, comme dans l’éthique de la responsabilité et le refus des fausses promesses, François Hollande a fait la synthèse entre Mitterrand et Jospin. Et comme eux lors de leurs succès électoraux, il a pu profiter d’un parti en rang derrière lui. Les bienfaits de la primaire imaginée par Arnaud Montebourg et mise en œuvre par Martine Aubry. Mais aussi la conséquence d’une génération contrainte à la solidarité malgré les divergences, face à une ultime chance de gagner enfin la présidentielle.

À mi-chemin entre le machiavélisme florentin et la raideur lambertiste, Hollande est l’habileté bonhomme. Fils d’une mère catho de gauche et construit politiquement contre son père, militant d’extrême droite, il est d’abord proche de l’Union des étudiants communistes (UEC) à la fac, avant d’entrer à l’ENA. Après avoir servi Mitterrand dans les cabinets durant les premières années de confrontation à la rigueur, il se convertit à la ligne démocrate de centre-gauche (au sens américain du terme) dès 1984 et une tribune publiée dans le Monde, intitulée « Pour être moderne, soyons démocrate ». Son art de la synthèse n’est pas que personnel, il a été éprouvé à la tête du PS onze ans durant, avant d’être mis en œuvre durant sa campagne présidentielle.

Comme Mitterrand, il s’est accommodé des errances de ce parti et des dérives de ses barons quand il le dirigeait. Lorsque Mediapart l’a reçu le 13 avril dernier, s’il n’esquivait pas les critiques en inertie sur les votes truqués de certaines fédérations, elles n’ont pas semblé les atteindre outre mesure. Il confia même dans un sourire, après l’émission « Mitterrand aussi a triché à Épinay », lors du congrès de 1971 où il s’était emparé du PS sur les ruines de la SFIO.

« Dès 2007, j’ai pensé qu’il y aurait une analogie entre 1981 et 2012, expliquait Hollande la veille du premier tour. Elle est criante. Les mots et les arguments se retrouvent dans une toute autre époque avec une analogie confondante ». Ainsi, assure-t-il, la « bataille entre la peur et l’espoir » l’aura guidé tout au long de son duel avec le « candidat sortant », ainsi qu’il le nommera quasi exclusivement durant la campagne (comme Mitterrand avec Giscard en son temps). Ou cet emploi récurrent, au point d’être parfois irritant, du mot « changement », accommodé à toutes les sauces, et empruntant pourtant davantage au « Change » de Barack Obama, par son absence de définition de l’alternance promise, qu’au« Changer la vie » de Mitterrand.

Comme Mitterrand, qui dénonçait avant d’être élu « les puissances de l’argent, qui corrompt, qui achète, qui écrase », Hollande a surpris les sceptiques lors de son discours du Bourget, en déclarant que son adversaire n’avait « pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance ». Mais après ce discours, ceux qui suivirent n’allèrent jamais aussi loin.

« Au Bourget, il s’agissait de s’engager sur l’égalité et la République, expliquait le sénateur François Rebsamen une semaine après, lors de la présentation du projet, là où « il fallait montrer qu’on était sérieux et qu’on refusait de céder aux habiletés habituelles. » Selon ce proche de Hollande, « on ne peut plus comme avant lancer des engagements budgétaires contredits ensuite par les marchés ». Son directeur de la communication, Manuel Valls, décrypte le pas de deux : « Les Français attendent un chemin fondé sur des valeurs, ce qui a été tracé au Bourget, mais aussi des mesures très précises, répondant à la crise de la parole publique. » Et de bien faire le distinguo entre « le rêve français, c’est-à-dire l’idée de progrès » et « faire rêver les gens, ce qui n’est pas le propos de François Hollande dans la situation actuelle ».

Meeting de François Hollande à Rouen, 15 févreir.Meeting de François Hollande à Rouen, 15 févreir.© Thomas Haley

Comme Jospin, dont il est l’héritier politique après le 21 avril, et son « Dire ce que je vais faire, faire ce que je vais dire » de 2002, Hollande aura répété à longueur de meeting : «Tout ce qui sera fait aura été dit, tout ce qui est dit sera fait ». Dans un entretien à L’Express, l’ancien premier ministre et candidat déchu voit même dans une victoire de Hollande une revanche sur sa défaite d’alors :« La gauche retrouvera un chemin perdu et, moi, je serai plus serein. Je me sentirais payé de mes peines. » Même prudence économique que Jospin, même promesse d’opposition réaliste à la férive libérale de l’Europe. Mais pourtant la parenthèse de l’échec est en passe de se refermer.

« Hollande et ses principaux soutiens, de Moscovici à Aubry en passant par Valls, sont une génération revancharde de 2002, soupire le porte-parole du PS Benoît Hamon, également chef de file de l’aile gauche du parti. Une revanche moins vis-à-vis de la droite que face à son propre camp. Ils ne se remettent pas d’avoir été dégagés par les électeurs de gauche, alors qu’ils estimaient avoir bien bossé. Ce malentendu s’est encore aggravé avec le référendum de 2005 sur la constitution européenne, Hollande ne sait pas faire campagne autrement qu’“à la Jospin”. Mais il est plus dans l’écoute et l’attention à ce qui se dit autour de lui, et fait plus attention à l’état de la société. »

« François fait surtout le dos rond, c’est ce qu’il sait faire de mieux », notait de son côté un proche de Martine Aubry. « Cela fait un an que ça dure, disait-il il y a un mois. C’est un truc de fou, mais il faut bien reconnaître que ça fonctionne… »

Retour au parlementarisme ?
Hollande le 15 février à Rouen.Hollande le 15 février à Rouen.© Thomas Haley

Homme politique d’un genre nouveau, qui revendique la normalité, François Hollande n’est pas franchement, en termes d'innovation politique, le Barack Obama de l’année 2012. Renouant avec la tradition hégémoniste qu’il avait défendue à la tête du PS, cet élu depuis 25 ans s’est imposé aux potentiels partenaires. Et il s’oriente vers un gouvernement avant tout socialiste, qui aura peu à voir avec celui du Front populaire, de l’ouverture mitterrandienne (aux communistes de 1981 comme aux centristes de 1988) ou même de la gauche plurielle jospinienne.

Loin des expériences unitaires, son message a été aussi net qu’abrupt : on le rallie sur son projet ou rien. Quitte à balancer en rase campagne l’accord électoral signé entre le PS de Martine Aubry et les écologistes.

Ce présidentialisme assumé s’articule avec une stratégie électorale redoutable. Son appel constant au « vote utile » dès le premier tour, rebaptisé « vote efficace », a été pensé comme un vote de libération, afin de se départir de la pression d’éventuels alliés. Les dirigeants d’Europe Ecologie-Les Verts ont accepté de faire contre mauvaise fortune écologique bon cœur ministériel. Du haut de leurs 2,3 % réalisés par Eva Joly, ils ne sont même pas en mesure d’avoir des exigences. Le Front de gauche a payé son excès d’espérance, et malgré son score à deux chiffres (11,1 %), a vu Hollande s’adresser en priorité dans l’entre-deux tours à l’électorat Le Pen. Tout impétueux qu’il soit, Mélenchon en est réduit à un appel à voter Hollande sans négociation, avec le maigre espoir de prendre sa revanche aux législatives.

Quand il évoque Mitterrand et ce qui l’en rapproche, Hollande prend toujours soin de préciser ne pas avoir « le même rapport au pouvoir ». Mais l’interrogation demeure encore sur ce que sera la gouvernance du nouveau locataire de l’Élysée. Dans les locaux de Mediapart, le 13 avril dernier, il promettait un retour à un parlementarisme apaisé et un respect intransigeant de la morale publique.

« Présider, pour François Hollande, c’est utiliser les corps intermédiaires. On a besoin de dialogue, de fond, pour structurer nos réponses, nous expliquait un des très proches du candidat socialiste, le député européen Stéphane Le Foll il y a deux moisLe principe de base, c’est de s’astreindre à dire que le temps est fini où le président décide tout seul. Il doit donner des impulsions et des orientations. Mais pour qu’elles soient effectives, il doit avoir des relais dans la société. » C’est pour les proches de Hollande la définition même d’une « vraie social-démocratie », telle que la rêve l’ancien premier secrétaire. Mais, prévient Le Foll, chargé de l’organisation dans l’équipe de campagne, « il faut le décider dès le départ ». « Sinon vous allez voir : au début, c’est le ministre qui voit le responsable syndical. Puis, son directeur de cabinet. Et à la fin, c’est le conseiller technique ! »

En tant que premier secrétaire du PS onze années durant, Hollande a régulièrement rencontré les grands leaders syndicaux. Et s'il a fait applaudir Bernard Thibault de la CGT lors du congrès socialiste de Dijon en 2003, en plein conflit sur les retraites, cet ancien des “clubs Témoin” de Jacques Delors est aussi très à son aise avec la culture du contrat et du compromis baignée d'influences catholiques de la CFDT.

Pour autant, François Hollande n’a pas de problème avec le présidentialisme et la personnalisation du pouvoir. Encore la semaine dernière sur France Inter, il a ainsi défini sa vision de l’exécutif « Le premier ministre mène la politique de la France que je dirige ». Un proche de Jean-Marc Ayrault, son probable premier ministre, confie ne pas savoir encore si Hollande voit son rapport à Matignon, « comme Sarkozy avec Fillon, un premier ministre collaborateur » ou « comme Debré avec De Gaulle, un chef de la majorité parlementaire ».

HOLLANDE_ARTINIAN.png© Patrick Artinian

Certains se sont déjà heurtés aux quelques avant-goûts de la pratique hollandaise du pouvoir. Par exemple lors du vote en faveur de la loi sur la négation du génocide arménien, ou lors del’abstention sur le mécanisme européen de stabilité (MES). À chaque fois, Hollande donne la consigne, et les députés et sénateurs, majoritairement, opinent ou se font porter pâles. Pas sûr non plus que le recrutement aux postes clés dans les ministères ne fasse la part belle à la jeune garde. La plupart des proches du nouveau président sont souvent sexagénaires, au mieux quinquagénaires, très majoritairement des hommes, et quasi-exclusivement blancs…

Après avoir accédé au pouvoir présidentiel, Hollande va-t-il correspondre au moment qui s’ouvre ? Réponse lors de la prochaine confrontation face à des ouvriers.

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5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 19:01

Libération

 

 

 

A la veille du scrutin présidentiel, le candidat socialiste s'est offert un bain de foule dans son fief de Tulle, où chacun le connaît.

Par MATTHIEU ECOIFFIER envoyé spécial à Tulle

Samedi midi, des nuages avant-coureurs d’orage brisent le soleil de Corrèze. A l’entrée du marché, quelques dizaines d’habitants de Tulle attendent « François » le tulliste, l’ancien maire et toujours député et président du Conseil général de Corrèze. Celui qu’ils connaissent depuis 30 ans et qu’il veulent garder pour eux encore 24 heures.

De la place de la Cathédrale à quelques dizaines de mètres de là résonnent les coups de marteaux des agents qui montent l’estrade et le petit chapiteau blanc d’où François Hollande devrait prononcer sa première adresse de Président, demain soir en cas de victoire. «S’il est élu, il fait sa déclaration officielle et après il file à Paris, faut bien qu’on le prête un peu » explique Sophie Dessus la maire d’Uzerche (surnommée dans le pays « la blonde de Chirac » depuis qu’elle a distrait l’ancien président lors d’une cérémonie officielle, sous l’oeil courroucé de Bernadette Chirac, ndlr). 

«Très bien, très gentil»

Dans la foule chacun et chacune l’a croisé. Et le raconte avec fierté et désormais une pointe de nostalgie. «Moi j’ai fait son ménage dans ses bureaux de l’avenue Victor Hugo. Je le trouve bien, très gentil » se souvient Rosa la quarantaine blonde. Maria, grands yeux noirs portugais, acquiese mais lâche : « En France, on travaille pour des fainéants. C’est dommage que Marine soit pas là ».

Un peu plus loin Christiane fait le pied de grue depuis plus d’une heure:« Ca fait plaisir. Dire que j’a joué à la pétanque avec lui »« Moi je l’ai servi pendant 15 ans à l’auberge de Tanaves. Ce qu’on lui donnait, ça allait toujours très bien », raconte Francine, la cinquantaine tardive. « L’autre jour, poursuit-elle, il m’a arrêtée et m’a fait descendre la vitre de ma voiture. Je lui ai dit: 'bon courage ». Il m’a répondu ' Il en faut.' C’est quelqu’un de très gentil ». « Et il a pris de la hauteur » ajoute, en se retournant, Geneviève, une dame au cheveux gris et au pull rouge vif. « Ah oui, il s’est étoffé », convient Francine. « Il est intelligent et cultivé, il est capable de rester simple avec les gens ordinaires et se mettre à niveau des gens importants», ajoute Geneviève, retraitée de l'éducation nationale. « Il est proche de nous, on est proche de lui » conclut Francine.

François, Robert et Ginette

Arrive enfin la Renault grand scénic beige d’où sort le candidat d’un pas confiant. Le visage souriant malgré un regard fatigué où transparaît une certaine appréhension. Qu’il secoue en s'ébrouant dans la petite foule. Les tullistes lui font la bise. Lui serrent la main. Un homme le prend par le cou: « François, j’ai le coeur qui bat. Demain on dira Monsieur le Président, mais on aura du mal » lui lance-t-il. « Mais on dira toujours François » le rassure l’interessé. Qui à chaque contact semble se recharger. « C’est 5 euros la bise et 10 euros les trois »plaisante Bernard Combes, le maire PS de Tulle.

Entre la vingtaine de journalistes et les agents du Sphp,(service de protection des hautes personnalités) le regard de Hollande balaie en permanence l’attroupement, à la recherche d’un visage familier. Sur sa gauche, resté droit et en retrait sur le trottoir, il avise Robert, dirigeant associatif .  « Elle est où Ginette? », s’enquiert immédiatement Hollande. « Elle te regarde du balcon » lui répond Robert. Hollande lève les yeux, puis un bras, en direction de l’immeuble Haussmanien de la Rue du général de Gaulle où réside ce couple d’enseignants à la retraite. Un court instant, il cherche du regard Ginette sur son balcon, à l'étage Mais il ne la voit pas. Le candidat reprend vite son bain de foule et se laisse porter par le flot d’accolades.

Et puis, quelques mètre plus loin, la voilà. Ginette est descendue le saluer. Elle lui dit : « Prenez moi dans vos bras ». Il s’exécute. « Il m’a pris dans ses bras bien serrés » raconte-t-elle, ravie. Robert est peintre à ses heures, et Ginette se dit « un peu écrivain ». Avec « François », ils en ont « fait des cabarets du Trech », cette enclave de Tulle qui est une « commune libre depuis 2 siècles où les habitants du quartier font les acteurs. Maintenant c’est une page qui se tourne»« C’est le destin de la Corrèze de produire des Présidents » rappelle Robert. Un peu à l'écart Valérie Trierweiler la compagne du candidat promène sa silhouette gracile. Et reçoit des compliments. Une dame lui dit « Qu’est-ce que vous êtes jolie. Vous serez magnifique en première dame». Une autre: « Merci d'être là pour lui ».

« I am anxious for the victory »

Et puis c’est la pluie. Sous un parapluie, le candidat socialiste se livre à son exercice favori pour la dernière fois: commenter la campagne. « C’est affectueux, j’ai besoin d'être ici car c’est ma place». « Comment être autre part et autrement? Ici je suis auprès des miens »«Je lui dois ça à cette Corrèze qui m’a tant donné ». Il parle aussi de dimanche, de la défaite ou de la victoire, de l’après. Mais la loi électorale interdit de reproduire tout commentaire politique, sous peine de faire invalider l'élection. Quand on le lui fait remarquer, le pro des medias répond que « ça pourra servir pour les papiers de lundi ». Au caméras de le BBC il déclare « I am anxious for the victory » dans la langue de Shakespeare. Que la loi électorale nous empêche ici de traduire. Allo Londres? Ici Tulle à J-1.

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 22:46

Le projet - francoishollande.fr

 

 

A l'avant-veille du second tour, François Hollande a appelé les électeurs, lors d'un dernier meeting à Périgueux, à ne pas croire que les jeux étaient "faits", après avoir lancé en Moselle un appel à la "réconciliation" pour l'après-présidentielle.

"C'est vrai que vous êtes confiants, je le sens bien, que vous voulez gagner", a lancé le candidat socialiste devant environ 5.000 à 6.000 personnes (selon les organisateurs) réunies en plein air place Robert Badinter à Périgueux.

"Je ne veux pas être le rabat-joie, mais ne commettez pas cette erreur qui pourrait être fatale de penser que les jeux seraient déjà faits, (... ) qu'en définitive, nous pourrions nous passer de nous déplacer" dimanche, a-t-il affirmé.

"A quelques heures" de la fin officielle de la campagne qui s'achève à minuit, "c'est moi qui doit vous dire je ne suis sûr de rien (...) Elle est encore incertaine, cette victoire. Tant que nous n'aurons pas mobilisés nos forces pour ce rendez-vous démocratique, alors le doute sera encore présent dans notre esprit", a-t-il souligné.

L'écart en intentions de vote se réduit en effet entre François Hollande (52%) et Nicolas Sarkozy (48%), les deux hommes n'étant plus séparés que par 4 points contre 10 points à la fin de la semaine dernière, selon l'enquête en continu Ifop-Fiducial pour Paris-Match publié vendredi.

Avant Périgueux, et Tulle où il votera dimanche, le député de Corrèze s'est rendu dans la France du Nord-Est où le Front national fait ses meilleurs scores.

De passage à Hombourg-Haut en Moselle, l'ancien Premier secrétaire du PS a commencé à se situer au-dessus des partis: "Je représente ici la gauche, sans doute, mais déjà plus que la gauche. Je représente tous les républicains, qui sont attachés à des valeurs et des principes, à une conception de l'humanisme".

"Et je veux aussi dire à ceux qui ne voteront pas pour moi qu'ils sont les bienvenus pour le redressement de notre pays", a poursuivi M. Hollande, reprenant le thème de l'unité nationale cher à François Bayrou. Le candidat centriste a annoncé jeudi qu'il voterait pour le candidat PS, rompant avec les traditions de sa famille politique.

"Nous n'aurons pas besoin de rejeter ceux qui n'auront pas fait le même choix que nous. Nous aurons besoin de cette réconciliation, de ce redressement, de ce rassemblement", a insisté François Hollande devant plusieurs centaines de personnes dont de nombreux jeunes d'origine maghrébine.

"Vous n'êtes pas des citoyens de n'importe quel pays parce que vous êtes des citoyens de la République française. Et même si elle n'a pas fait suffisamment pour vous, vous devez donner tout ce que vous avez pour la République", leur a-t-il lancé sous quelques applaudissements.

Le candidat socialiste s'exprimait dans une commune où, selon le maire sans étiquette Jacques Furlan, la candidate du Front national, Marine Le Pen, a rassemblé 30% des voix au premier tour de l'élection présidentielle.

Le candidat PS a fait un crochet par Forbach où il a procédé à sa désormais rituelle "déambulation" dans les rues. Rappelant qu'il venait en Lorraine pour la sixième fois en un an, il a salué "une terre ouvrière", qui a l'impression "que la République n'a pas été assez présente".

En préambule à ce déplacement lorrain, le favori des sondages avait souhaité sur RTL que les Français s'expriment dimanche "clairement, massivement", pour "qu'ils donnent à celui qui sera investi toutes les capacités et les moyens d'agir, ne faites pas un vainqueur étriqué".

Sur le plan de la politique intérieure, François Hollande a affirmé qu'il n'avait demandé à personne dans son entourage de se tenir prêt pour Matignon.

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 13:36

Rue89

 

 

 

Hollande a présidé le débat de l’entre-deux tours. Sarkozy, sur la défensive, a multiplié les références à l’Allemagne et accusé son adversaire d’être un menteur. Lequel a joué de l’autorité tranquille.


Dessin de Baudry

François Hollande avait été tiré au sort pour parler en premier. Il s’est livré à un préambule que Nicolas Sarkozy a jugé « assez classique ». Il fera de la sorte à chaque fois qu’il introduira un nouveau thème. Comme à l’époque des débats de la primaire, il entend cadrer la discussion.

Et Nicolas Sarkozy, sans cesse, tente le pas de côté. Brisons les codes, propose-t-il, et faisons de ce débat un « moment d’authenticité » pour que les Français, « en liberté », puissent faire leur choix. Réponse du socialiste : « Chacun sera authentique. Je ne peux pas imaginer que vous feindrez. »

« Vous aurez du mal à passer pour une victime »

Hollande s’est présenté comme l’homme du rassemblement. « Il y a ceux qui parlent de rassemblement et ceux qui les font vivre », a rétorqué Sarkozy, qui a entonné un de ses tubes préférés : « Il n’y a pas eu de division, il n’y a pas eu d’émeutes, il n’y a pas eu de violences » au cours de son quinquennat. « Heureusement », a salué Hollande. Pour lui, c’est d’ailleurs grâce aux « corps intermédiaires », ceux-là même que fustige tant Sarkozy.

Le candidat UMP s’est alors posé en victime, maltraité par les socialistes, comparé à Franco, Laval, Pétain, Madoff. Si « le leader de la famille ne dit rien, c’est qu’il cautionne ». Et Hollande de lui renvoyer les noms d’oiseaux dont l’UMP a pu l’affubler. « Monsieur Sarkozy, vous aurez du mal à passer pour une victime. »

« C’est terrible d’avoir toujours dans votre esprit le mot “mensonge” »

Le débat a alors viré à la bataille de chiffres. Sarkozy adoptant un ton de maître d’école (« Je vais me permettre de vous apprendre quelque chose »), Hollande ne se départissant pas de son ironie :

« Quoi qu’il arrive, quoi qu’il se passe, vous êtes toujours content.

– C’est un mensonge.

– Ah ? Alors je vous présente mes excuses : vous êtes très mécontent de vous. »

Régulièrement accusé ces dernières semaines de mentir, Nicolas Sarkozy s’est évertué à démontrer – de façon un peu obsessionnelle – que le menteur n’est pas celui qu’on croit. « C’est terrible d’avoir toujours dans votre esprit le mot“mensonge” », a fini par glisser Hollande, l’air de dire que son adversaire avait peut-être quelque chose à se reprocher.

« Berlusconi est berlusconiesque »

Sur chaque sujet, Hollande tente de ramener Sarkozy à son bilan, et Sarkozy critique le projet de Hollande (ou lui ressort mots fielleux et vieilles critiques de ses camarades socialistes – Aubry, Fabius, Valls). On parle donc très peu du projet de Sarkozy.

Plus d’une heure et demie a été consacrée aux questions économiques. Bien plus que prévu. Pas tellement d’éclaircissement sur leurs positions respectives. Chacun met en cause la compétence et la bonne foi de l’autre, puis se dispute le titre de meilleur européen. Et Sarkozy cite l’Allemagne à tout bout de champ.

Hollande, ce mercredi soir, a quitté sa housse d’édredon. Il rend coup pour coup. Coupe volontiers son adversaire qui, lui, l’interrompt très peu. Le socialiste, à l’aise, tourne le Président sortant en ridicule : « Ne confondez pas votre personne avec la France ! » A quelques reprises, Sarkozy semble perdre pied – qu’il lance un « Je ne suis pas votre élève » ou déclare que « Berlusconi est berlusconiesque ».

« Rien ne sera toléré en terme de viande halal dans les écoles »

Seul vrai moment de faiblesse, Hollande s’emmêle les pinceaux sur les centres de rétention. Mais il reprend le dessus avec le droit de vote des étrangers. Hollande rappelle que Sarkozy y était autrefois favorable. « Vous avez parfaitement le droit de changer, moi je ne change pas. » Sarkozy a expliqué qu’il avait « beaucoup réfléchi » et changé d’avis par nécessité de résister aux « pressions » de l’islam.

Facile, dès lors, pour Hollande, se s’indigner de cet amalgame :

« Qu’est ce qui vous permet de dire que les étrangers qui ne sont pas européens sont musulmans ? [...] Il y a des musulmans en France, citoyens français, qui ne font pas de revendications communautaires. »

Et de se poser en gardien de la laïcité : « Sous ma présidence, rien ne sera toléré en terme de viande halal dans les écoles. »

Sujet suivant : le nucléaire. Sarkozy juge la position de Hollande incohérente. Pourquoi fermer juste la centrale de Fessenheim ? « Le nucléaire, c’est dangereux ou pas ? » Pour lui, « le nucléaire ne pose aucun problème de sécurité en France ».

Pujadas s’impatiente : « On ne va pas vous laisser les clés messieurs ! »

« Moi, président de la République, je... »

Alors on passe à leur conception du poste de président de la République.

Sarkozy décrit un Président qui « doit être en première ligne ». Hollande, lui, se lance dans une longue tirade construite sur une anaphore :

« Moi, président de la République, je ne serai pas le chef de la majorité, je ne recevrai pas les parlementaires de la majorité à l’Elysée.

Moi, président de la République, je ne traiterai pas mon Premier ministre de collaborateur.

Moi, président de la République, je ne participerai pas à des collectes de fond pour mon propre parti dans un hôtel parisien.

Moi, président de la République, je ferai fonctionner la justice de manière indépendante [...]

Moi, président de la République, je n’aurai pas la prétention de nommer les présidents des chaînes publiques [...]

Moi, président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit à chaque instant exemplaire.

Moi, président de la République, j’aurai aussi à cœur de ne pas avoir de statut pénal du chef de l’Etat, je le ferai réformer. [...]

Moi, président de la République, je constituerai un gouvernement qui sera paritaire. [...]

Moi, président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres [...]

Moi, président de la République, les ministres ne pourraient pas cumuler leurs fonctions avec un mandat local. [...]

Moi, président de la République, je ferai un acte de décentralisation. [...]

Moi, président de la République, je ferai en sorte que les partenaires sociaux puissent être considérés. [...]

Moi, président de la République, j’engagerai de grands débats, on a évoqué celui de l’énergie. [...]

Moi, président de la République, j’introduirai la représentation proportionnelle pour les élections législatives. [...]

Moi, président de la République, j’essaierai d’avoir de la hauteur de vue. [...] »

« Vous venez de nous faire un beau discours, on en avait la larme à l’œil », raille Nicolas Sarkozy. Mais il sent forcément que c’est le moment qui restera de ce débat. Alors il se fait plus violent.

« Ponce Pilate ! »

Quand Hollande l’accuse de s’être comporté en chef de majorité, d’avoir été un Président partial, il dépeint son adversaire en « petit calomniateur ». Puis lui envoie une boule puante nommée DSK. Hollande bredouille qu’il ne connaissait pas « la vie privée » de l’ancien ministre de l’Economie de Jospin. Cri du cœur de Sarkozy : « Ponce Pilate ! »

Après un passage ridiculement court sur les questions internationales, les deux débatteurs sont invités à livrer leurs conclusions.

Hollande rappelle qu’il propose de « changer de politique, de méthode, de conception de la République » et indique sur quel critère il veut être jugé : le caractère juste de ses décisions. Au terme d’une émission qui aura duré 2h50, Sarkozy choisit quant à lui de lancer un appel aux électeurs de Marine Le Pen et François Bayrou.

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 11:26

01-Mediapart

 

 

Dès l’issue de leur première passe d’armes, le président sortant  décrète :« Il faut que nous rentrerions [dans le vif du sujet]. » La grammaire continue d’en prendre pour son grade dans la bouche de Nicolas Sarkozy, mais nous assistons, d'emblée, à un tomber de rideau : ce n’est qu’une fin, terminons le combat !…

Illico les jeux sont faits. François Hollande vient de remporter en cinq secondes la bataille de l’image : il apparaît installé quand son adversaire semble instable, parcouru de tics.

L'Hyène : « Il ne s'agit pas d'aboyer ici, mais de mordre » (Grandville, «La Vie privée et publique des animaux» (1880)L'Hyène : « Il ne s'agit pas d'aboyer ici, mais de mordre » (Grandville, «La Vie privée et publique des animaux» (1880)

 

Le président de la République, avec ses « M'sieur Hollande » (il reçoit en retour de rares « Nicolas Sarkozy »), se laisse vite enfermer dans le rôle du métayer rageur, face à notre bon maître assez peu disposé à renouveler sa confiance à un employé récalcitrant et furieusement bonimenteur (« j’ai une preuve à vous donner ! »).

Les attitudes magistrales sont donc du côté du conquérant déjà tranquillement au faîte ; la gestuelle aux abois marque la prestation de l’agité de l’Élysée dévissant. Et ce malgré le renfort obséquieux de David Pujadas, loyal jusqu’au bout à son César, et de Laurence Ferrari, visiblement si sensible à la détresse de Neuilly.

Au fur et à mesure que le temps s’écoule, nous glissons vers l’univers hospitalier (« c’est pas blessant, ça », gémira Nicolas Sarkozy) ; plus exactement vers l’hôpital psychiatrique. Il ne manque plus qu’une blouse blanche à « Monsieur Hollande ». Impavide tel un médecin face à un convulsionnaire (qui s'écrie« petit calomniateur ! » avec rictus afférent), le mandarin socialiste gère la crise d’un patient difficile venu en consultation. Nous avons l’impression de violer le secret médical.

François Hollande a-t-il lu de fond en comble un récent numéro duNouvel Observateur consacré aux pervers manipulateurs ? Il traite en tout cas Nicolas Sarkozy comme tel – sans le neutraliser complètement ; le cas est aigu, nous le savons : « Vous mentez », répète ainsi à intervalles réguliers, comme le paon crie « léon ! », le président en souffrance.

À 22h08, Nicolas Sarkozy semble comprendre. Il s’échappe de son personnage surgi d’une chanson de Bourvil. Il gagne en stature un très court instant. « Monsieur Sarkozy », laisse aussitôt échapper François Hollande, exceptionnellement. À l’heure où la France qui se lève tôt part se coucher, le mimétisme télévisuel, bourreau des débatteurs, fait son office : le président devient présidentiel avec une crédibilité frôlant celle de son adversaire ! Celui-ci, toutefois, dès 22h16, lui donne une bonne leçon à propos de l’école maternelle. Alors le locataire – en toute fin de bail – de l’Élysée tousse lourdement, hors champ puisque les plans de coupe sont bannis : nous croyons entendre l’un de ces damnés barbotant dans la fange, comme on en rencontre au détour d'un poème de Baudelaire…

La poésie s’était invitée à l’orée de ce direct, aussitôt après le premier mot (« justice ») prononcé par François Hollande, avec des rimes en forme de ricanements propres à énerver encore plus ce président aux naseaux en feu : hé ! hé ! hé ! Nous avons eu droit à ceci : « Les privilégiés ont été trop privilégiés »« la France a décroché »« pendant trop d’années, les Français ont été opposés ». Nicolas Sarkozy a perdu en rase campagne cette guerre des trouvères, ne parvenant à expectorer que ce chétif plaidoyer pro domo : « Personne ne s’est senti humilié. » Il était recalé.

Si bien qu’à 22h34, son « je ne suis pas votre élève », usé jusqu’à la corde, ressemble davantage à un cri de grâce qu’à une contre-offensive.

«Le Caméléon paraît à la tribune pour annoncer qu'il sera heureux et fier d'être, comme toujours, de l'avis de tout le monde.»«Le Caméléon paraît à la tribune pour annoncer qu'il sera heureux et fier d'être, comme toujours, de l'avis de tout le monde.»

 

Quand le président s’embourbe dans son islamophobie, il est sommé de s’expliquer. Il use alors d’une phraséologie vulgaire (« ils viennent de quoi ? »), grosse de confusion et semant la haine. Du coup, il se fait moucher avec hauteur, par un candidat socialiste prenant les paris que les Français choisiront toujours, plutôt qu’un voyou qui leur ressemble, un responsable qui sache faire preuve de« cohérence dans [s]es convictions ».

Son anaphore (« moi président de la République ») fut grandiose et rapetissa encore davantage le sortant.

Quelle conclusion tirer d’un tel échange ? Aucun mensonge identifiable ne fut proféré, sauf par David Pujadas. L’arbitre-journaliste a osé prétendre qu’il était 22h30, alors que toutes les pendules de France et de Navarre, tout comme l’observatoire de Paris qui fait foi, marquaient 22h36. Il n’est pas interdit, au chroniqueur, de vérifier, de son côté. « Non mais, franchement, la vérité elle est là, elle vous gêne, c’est extrêmement important de terminer par là, dans un monde extraordinairement complexe, j'veux parler » : soudain, à 23h50, le sentiment que nous nous dépêtrerons de cette langue massacrée (« une fonction que j’ai appris pendant cinq ans ») au sommet de l’État.

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 07:44

Ze Rédac

 

 

Par Renaudot

Débat Hollande Sarkozy - Capture 20 Minutes

« Je vais l’exploser » ne cessait de plastronner Nicolas Sarkozy en parlant de François Hollande à l’occasion du débat. Méthode Coué pour s’auto-persuader ou pour redonner confiance à ses supporteurs ? Peu importe.

L’émission de près de trois heures s’est révélée être un véritable calvaire pour le président sortant, avec quatre stations – correspondant aux quatre thèmes de débat – au lieu de quatorze étapes. Mais c’était bien assez si l’on en juge le visage de Nicolas Sarkozy, qui palissait au fur et à mesure que le temps passait. 

Face à face le candidat de la gauche, calme, posé, incisif, et le candidat de la droite agité, parfois agressif, embrouillé, bégayant à de nombreuses reprises, au dynamisme déclinant au fur et à mesure.

Un débat à front renversé. Nicolas Sarkozy devait « débusquer » son concurrent, mettre en évidence ses nombreux flous, mensonges, incohérences et revirements. Nicolas Sarkozy devait montrer que le caractère « mou » de François Hollande n’était pas taillé pour le job de président.

Durant tout le débat, c’est l’inverse qui s’est produit. Tout au long de l’émission, François Hollande n’a cessé de mettre en évidence les changements d’avis de Nicolas Sarkozy – sur l’Afghanistan, le voile islamique des jeunes filles à l’école, le vote des étrangers aux élections municipales, etc. –, ses mensonges – la liste est trop longue pour que nous pussions nous y attarder – et surtout ses échecs alors que Nicolas Sarkozy n’a cessé de tenter de fuir son bilan. C’est d’ailleurs l’une des grandes réussites du candidat de la gauche durant ce débat : avoir réussi à mettre Nicolas Sarkozy face à son bilan de président et rendre impossible toute échappatoire.

Loin d’être « mou », François Hollande a imposé son autorité au fur et à mesure dans le débat, mettant Nicolas Sarkozy sous l’éteignoir, alternant critiques de son adversaire et propositions : respectueux de son adversaire mais sachant le couper et le rappeler à l’ordre lorsqu’il dépassait les bornes de la mauvaise foi, montrant une hauteur de vue sur tous les sujets, un grand sens des responsabilités et la fermeté attendue de la part d’un chef de l’Etat sur les grands sujets qui intéressent les Français. Par exemple sur la question du droit de vote des étrangers sur laquelle il a été d’une grande clarté comme François Mitterrand l’avait été en 1981 sur la peine de mort.

A ces qualités que certains ont peut-être découvert ce soir, François Hollande a confirmé ce qu’on attendait : une compétence hors du commun, une connaissance des chiffres et des décisions prises supérieure au président sortant.

La preuve est ainsi apportée que François Hollande a toutes les qualités pour présider la France. Nicolas Sarkozy avait besoin, pour remonter son retard, de « débusquer » aux yeux des Français son concurrent. Il ressort du débat à la limite du KO, sous les yeux des Français.

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 14:49

Le projet - francoishollande.fr

 

 

Monsieur le Maire,

Mesdames Messieurs les élus ici présents,

Mesdames Messieurs,

Chers amis,

j’avais bien des raisons de venir ici à Nevers, aujourd’hui 1er mai. D’abord la Nièvre, terre de victoires pour la Gauche, qui m’accueille une nouvelle fois. Je dis « une nouvelle fois » parce que j’y suis venu à tant de reprises… Et la dernière est restée dans ma mémoire, c’était le 10 mai 2011, c’est-à-dire trente ans après la victoire de François Mitterrand. Nous étions rassemblés à Château-Chinon, vous étiez sans doute présents. J’y avais fait le discours au nom des socialistes. Et je vous avais dit : « rendez-vous en 2012 ». J’y suis au rendez-vous, vous y êtes ! Et nous avons le même devoir que celui que s’était donné François Mitterrand il y a plus de 31 ans : de nouveau faire prévaloir l’alternance et au-delà d’elle le rassemblement des Français sur une grande cause, la République.

Oui, nous sommes conscients, ici plus qu’ailleurs, de ce devoir impérieux de réunir les Français et non pas de les diviser. Je laisse ça au candidat sortant qui veut toujours séparer les uns des autres, qui imagine qu’il y a deux France qui se font face et qui devraient s’affronter jusqu’au bout. Eh bien non ! Nous allons laisser les Français voter, c’est dimanche, vous n’avez rien oublié ! Et une fois qu’ils auront voté dans le sens que nous espérons, que nous voulons, que nous désirons, nous nous rassemblerons parce qu’il conviendra de se mettre au travail pour la France.

Je viens ici, un 1er mai à Nevers, pour rendre hommage à la grande figure qu’était Pierre Bérégovoy. Je salue ici sa famille, ses collaborateurs, ses amis, les élus de Nevers, tous ceux qui l’ont accompagné dans ce parcours qui fut le sien. D’abord, il fut un syndicaliste. Je veux rendre hommage à tous les syndicalistes de France, à celles et ceux qui, humblement, modestement, défendent les travailleurs, ont le plus beau des mandats : souvent éviter aux plus faibles le licenciement, donner de la dignité à ces travailleuses et ces travailleurs qui, rivés à leurs machines, demandent à être défendus, protégés. Oui, la fête du travail c’est la fête du syndicalisme, et je ne peux pas accepter, ici en France, qu’il puisse y avoir une bataille le 1er mai contre le syndicalisme !

Les syndicalistes mènent leur combat indépendamment de la politique. Ils peuvent avoir leurs choix, leur engagement, mais ils sont d’abord au service des salariés, de tous les salariés. C’était la démarche de Pierre Bérégovoy. Et quand il en eut terminé avec son combat syndical, il est passé à l’action politique. Il ne s’est pas trompé sur les hommes qu’il a voulu rejoindre. D’abord Pierre Mendès France parce qu’il y voyait là l’honnêteté en politique, la morale, le respect des engagements. Puis François Mitterrand parce qu’il y voyait la volonté, la ténacité, l’esprit de rassemblement. Il est donc entré au parti socialiste et il en fut l’un des principaux dirigeants. Je n’oublie pas qu’en 1981, au lendemain de la victoire, c’est à Pierre Bérégovoy que François Mitterrand confia la préparation de la transition, de la transmission des pouvoirs. Oh ce ne doit pas être facile ! J’ai l’impression que le candidat sortant de 1981 résistait : il n’arrivait pas à dire au revoir, ou il espérait qu’en disant au revoir, on le retiendrait ! C’était trop tard… Je ne sais pas ce que l’autre va faire, mais nous on lui dit déjà au revoir !

Pierre Bérégovoy devint secrétaire général de l’Elysée puis ministre. Et c’est en tant qu’homme d’Etat que je veux aussi le saluer. Ministre de l’économie et des finances, pour un ajusteur, un syndicaliste, ce n’était pas forcément le destin qu’il avait imaginé ou que d’autres avaient conçu pour lui. Les syndicalistes, on les met aux affaires sociales, et les ajusteurs à la revalorisation du travail manuel. Mais ministre de l’économie et des finances, vous n’y songez pas ! Mais pourquoi donc, en France, un ouvrier ne pourrait pas devenir, aussi, ministre de l’économie et des finances ? Et quel ministre a-t-il été ! L’homme qui a rétabli les comptes publics, parce que déjà il fallait engager le redressement, parce que déjà la Droite nous avait laissé en 1981 14 % d’inflation et un déficit du commerce extérieur. Cette Droite qui voudrait nous laisser penser qu’elle est bonne gestionnaire ! Et une nouvelle fois c’est la Gauche, et Pierre Bérégovoy y prit sa part, qui lutta contre l’inflation, engagea les restructurations industrielles et modernisa notre pays. Pierre Bérégovoy devint, parmi les grands dirigeants, les « argentiers » comme on dit, de l’Europe et de la planète, une référence : l’homme qui savait gérer, l’homme qui savait ce qu’était la valeur de la monnaie. Parce que, quand on a été syndicaliste, quand on a été ouvrier, on sait que l’inflation est un mal qui ronge et on sait ce qu’est la valeur, à l’époque d’un franc, aujourd’hui d’un euro. Enfin il devint Premier ministre dans une situation très difficile pour la Gauche. Il se battit avec honneur, mais c’est précisément là où on a voulu l’attaquer. C’est parce qu’il n’a pas supporté le dénigrement, le mensonge, la violence, toujours présentes hélas dans le débat public, qu’il prit la décision dont nul n’a oublié la gravité, le choc, dans sa mémoire. Voilà pourquoi je voulais être ici en ce 1er mai, pour saluer un syndicaliste, un ouvrier, un homme d’Etat, un grand serviteur de la République. Soyez fiers, Nivernais, d’avoir connu Pierre Bérégovoy !

Didier Boulaud me rappelait que pour Pierre Bérégovoy, il n’y avait pas de plus belle cause à servir que celle de la jeunesse, et qu’il considérait qu’elle était celle qui voyait toujours plus loin parce que sait qu’elle nous dépassera forcément et que c’est elle qui un jour aura à prendre la direction du pays. C’est pour la jeunesse que je me suis engagé dans cette campagne présidentielle. C’est pour la jeunesse que je veux que ce 1er mai soit celui du droit au travail pour la génération qui vient.

Le 1er mai, partout dans le monde, c’est la fête du travail. Cette idée est venue des Etats-Unis d’Amérique, à la suite d’un grand combat, lors du XIXe siècle et puis ensuite, de tous les syndicats du monde — enfin, les syndicats libres, parce qu’il y a encore tant de pays dans le monde où il n’y a pas le droit syndical, où il n’y a pas la liberté de manifester : le 1er mai, c’est aussi rappeler l’enjeu de la liberté des démocraties y compris parmi les pays émergents qui sont parmi les puissances et qui devraient aussi entendre la voix des travailleurs. Eh bien nous la portons aussi pour ces pays-là. Fête des travailleurs, fête des travailleurs du monde, fête syndicale, de tous les syndicats au-delà de leur sensibilité, fête républicaine, parce que le 1er mai est entré dans nos usages, nos rites, dans le sens que nous donnons au progrès. C’est la fête où ceux qui ont du travail, ceux qui n’en ont pas, ceux qui en voudraient un meilleur se retrouvent pour marcher dans le souci exclusif d’améliorer la dignité humaine. Le sens de l’humanité que nous donnons à cette fête ne doit pas être dévoyé. Ce fut déjà le cas quand un mouvement d’extrême droite a essayé de capter la mémoire de Jeanne d’Arc – qui n’y est pour rien et je veux ici défendre son honneur — mais aussi pour capter l’idée que les travailleurs pourraient se réfugier dans un vote qui serait contraire à leurs intérêts. Car comment un ouvrier, comment un jeune, comment un travailleur, pourrait penser qu’il y a, dans le rejet, le repli, la haine de l’autre une place pour assurer son avenir ?

Et voilà que le candidat sortant découvre le 1er mai. Jusque-là, je ne sais pas ce qu’il faisait ce jour-là, mais il ne nous livrait pas ses pensées les plus profondes. Mais cette année il s’y est invité. Il en a bien le droit, nul ne va empêcher quiconque de tenir meeting le jour du 1er mai ! Encore aurait-il fallu qu’il trouve le bon thème pour illustrer son propos. Et voilà qu’il annonce, convoque une fête du « vrai travail » ! Ensuite, conscient de sa bourde, une de plus, voilà qu’il change l’ordre des mots. Il n’a pas voulu dire ça ! A un moment il a dit qu’il ne l’avait pas dit, mais maintenant, grâce aux produits de la technologie et aux modes d’enregistrement, aux caméras, on arrive à peu près à restituer ce qui a été dit et ce qui n’a pas été dit. Alors, il est dans une phase de repentance, il a dit : « pardonnez-moi, je ne voulais pas le dire comme ça, je voulais annoncer une « vraie fête » du travail ! Alors il y en aurait une fausse ? Il y en aurait une autre ? Mais il n’y en a qu’une, il n’y a qu’une seule fête du travail, c’est celle des travailleurs, et chacun est le bienvenu pour y participer ! Mais c’est toujours cette tentation, à laquelle il cède trop souvent, d’opposer les uns les autres, les vrais travailleurs avec les faux, les vrais chômeurs avec les faux, les travailleurs par rapport aux assistés, les travailleurs français contre les travailleurs étrangers. Mais je ne veux pas de ces distinctions ! Il n’y a que des travailleurs, que des hommes et des femmes qui aspirent à la dignité, à la reconnaissance, à la considération !

L’autre jour, il était à la Concorde. Cette fois-ci il est à la discorde ! Il aura fait les deux ! Mais je n’accepterai pas que la Droite ou le candidat sortant, ce qui revient au même — encore que même à droite il y en a qui trouvent qu’il va bien loin, bien trop loin – je n’accepterai pas que le candidat sortant s’arroge la valeur travail. La valeur du travail est celle que nous défendons tous en commun dans une République que nous voulons sociale. Quand il y a 4 millions de chômeurs, quand le chômage a augmenté de plus d’un million, qui défend la valeur travail et qui l’abîme ? Lorsque la précarité se développe, qu’elle touche des jeunes, dont un quart de moins de 25 ans connaissent le chômage, quand 3 jeunes sur 4, jusqu’à 30 ans, ont des contrats à durée déterminée ou vivent de petits boulots, de contrats d’intérim, qui défend la valeur travail et qui l’abîme ? Lorsque 80 % des contrats à temps partiel sont hélas réservés aux femmes, qui défend la valeur travail et qui l’abîme ? Lorsque, après tant de lois il demeure tant d’inégalités entre les hommes et les femmes pour le même travail, pour le même diplôme, qui défend la valeur travail et qui l’abîme ? Et quand aucun coup de pouce n’a été accordé au SMIC quand, dans le même temps, des dirigeants d’entreprises importantes ont pu s’augmenter en une seule année de 34 %, qui défend la valeur travail et qui l’abîme ? Quand tant d’hommes et de femmes dans de trop nombreuses entreprises publiques comme privées expriment une souffrance au travail et parfois cèdent au découragement au point, pour certains d’entre eux, de mettre fin à leurs jours ? Nous sommes tous conscients que la valeur travail doit être défendue, promue, considérée ? Et lorsqu’il est dénié à des travailleurs qui ont commencé tôt leur vie professionnelle, à 18 ans, de pouvoir partir à 60 ans quand ils ont leurs 41 années de cotisations, qui défend la valeur travail et qui l’abîme ? Je considère que, dans cette campagne présidentielle, l’emploi, le travail, doivent être au cœur de nos priorités. D’abord parce que nous avons besoin de redresser notre pays, redresser son industrie, son économie, sa production. Nous avons perdu beaucoup de forces ces dernières années, 400 000 emplois industriels qui ont été détruits, rien que sur les trois dernières années 300 usines qui ont fermé. Et puis ce commerce extérieur qui s’est déséquilibré au point que notre compétitivité aujourd’hui est gravement atteinte et que nous avons un déficit de 70 milliards de notre balance commerciale. Oui nous avons besoin de redresser notre économie et je fais des propositions fortes pour y parvenir.

La création d’une banque publique d’investissement pour accompagner les efforts des entreprises, la mobilisation de l’épargne pour l’affecter à l’industrie, le souci que nous devons avoir, aussi, de donner plus d’importance à l’innovation, à la recherche. Changer la fiscalité, l’abaisser pour les petites entreprises, la relever pour les grandes, et permettre aux petites et moyennes entreprises d’avoir un autre système de financement de la protection sociale pour que ce ne soit pas toujours le travail qui soit pénalisé, mais l’ensemble des facteurs de production, à commencer par le capital. Oui, l’emploi viendra du redressement productif !

Nous avons aussi à donner plus de place à la croissance, et en France et en Europe. Avez-vous vu, là-dessus, que les esprits évoluent ? Et je vous en remercie : grâce au suffrage que vous m’avez apporté au premier tour, déjà une prise de conscience s’est levée dans les capitales européennes. On nous regarde différemment, et un certain nombre de chefs d’Etat ou de gouvernement qui étaient attachés à l’austérité commencent — le mot leur fait mal ! — à parler de croissance. Eh bien, après le second tour, ils n’en parleront pas, ils feront une politique de croissance si nous gagnons l’élection présidentielle !

Je suis européen. François Mitterrand nous a montré la voie. Pierre Bérégovoy a éclairé le passage. Je suis européen parce que je pense que dans un contexte comme nous le connaissons, la crise qui frappe, notre Europe peut être le levier, la solution — sauf si elle se condamne à l’austérité, ce que le candidat sortant a choisi comme orientation avec la chancelière d’Allemagne. Soyez prudents, nous aurons à travailler avec elle ! C’est cette orientation-là que je dénonce. Les disciplines budgétaires, nécessairement, ça permettra de corriger leurs excès. Parce que la dette, elle n’est pas venue de nous, 600 milliards d’euros rien que sur les cinq dernières années ! Donc, nous aurons à respecter les disciplines, à accepter aussi de réduire notre dette et de faire en sorte que les pays d’Europe se mettent ensemble pour conjuguer leurs efforts dans la justice pour notre pays. Parce que si nous devons réduire notre dette, maîtriser nos déficits, la contribution qui sera demandée sera d’abord celle de ceux qui ont été servis pendant cinq ans en termes de cadeaux fiscaux, de largesses, de privilèges. Et nous commencerons d’ailleurs par abroger la TVA dite sociale, qui ne changerait rien à la compétitivité des entreprises mais en revanche pénaliserait encore davantage la croissance.

Oui, nous aurons donc à renégocier le traité budgétaire. Et nous le ferons, je le pense, en bonne harmonie avec nos partenaires. Parce qu’ils ont compris que nous portions une exigence qui n’était pas un préjugé, mais qui était en fait une nécessité. Nous ne pouvons pas admettre que l’Europe soit le seul continent de la planète qui vive en récession quand la reprise économique se lève aux Etats-Unis et quand les pays émergents ont des taux de croissance insolents. Donc, nous aurons à remettre de la croissance, à remettre de l’emploi. Il y faudra du temps. Mais c’est au nom du travail que nous le faisons.

Alors, on nous fait souvent la leçon — c’est leur façon de faire peur à la veille du scrutin. Que nous dit-on de notre arrivée au pouvoir ! Quel cataclysme nous est annoncé, quelle catastrophe ! Comme si nous vivions aujourd’hui dans la meilleure des France ! Comme si tout allait bien ! Comme si la crise n’était pas là ! Comme si l’austérité ne sévissait pas ! Mais non, le risque, ce serait nous… Non, le risque, ce serait de continuer avec eux !

Voilà que le candidat sortant a inventé la frontière. Il ne l’avait pas rencontrée jusque-là, il en voit maintenant la nécessité. La frontière d’abord pour empêcher les étrangers de venir. Mais il y a des règles, il y a des principes, il y a des lois dans la République. Pourquoi faire peur ? Pourquoi agiter, encore une fois, le spectre de l’invasion ? Comme si nous, la Gauche, et en tout cas moi candidat à la présidence de la République, nous voulions remettre en cause les principes qui nous fondent ! Les étrangers qui sont ici en situation légale doivent pouvoir y rester tant qu’ils acceptent les principes de la République. Nous ne pouvons pas accueillir des étrangers dès lors que notre situation économique ne nous l’autorise pas. Et donc, nous y veillerons. Nous ne pouvons pas accepter qu’une immigration irrégulière vienne, donc nous veillerons là aussi à protéger notre pays. Mais pourquoi donc cette peur que l’on voudrait lever, et pourquoi faire de l’étranger, de l’immigré, la question qui serait principale dans l’élection présidentielle ? Eh bien non, la question principale, c’est le chômage, c’est le pouvoir d’achat, c’est la lutte contre les inégalités !

Et quelle autre peur fait-on surgir ? Que nous voudrions, nous, développer l’assistanat ? Que nous voudrions pénaliser le travail ? Mais en quelque manière que ce soit, il n’en est pas question. Et puis derrière tout cela, il y a quand même un préjugé. Le candidat sortant pense que les chômeurs veulent rester chômeurs, que les prestataires du RSA veulent rester à 475 euros ? Est-ce qu’il pense que c’est une condition qui permet de vivre décemment ? Non, ce qu’attendent les chômeurs c’est du travail, et les prestataires du RSA c’est de l’insertion !

Et voilà qu’il s’en prend encore aux 35 heures. Parce que pour lui, si ça va mal, c’est à cause des 35 heures ! Ils y ont touché, retouché, aux 35 heures. Aujourd’hui, les contingents d’heures supplémentaires sont sans limite. Les heures supplémentaires sont défiscalisées. Et voilà qu’il pense encore que les problèmes de notre pays sont liés aux 35 heures ! Mais il a néanmoins un projet caché : avec l’accord compétitivité-emploi, il voudrait que la durée légale du travail, finalement, puisse être gommée pour introduire une durée que décideraient les entreprises elles-mêmes. Voilà ce qui est prévu et qui n’est pas dit. Je ne laisserai pas, là encore, les 35 heures une nouvelle fois attaquées. Parce que ça a été, à un moment aussi, une conquête, les 35 heures. Et ça a permis à beaucoup de travailleurs, notamment dans les métiers pénibles, de pouvoir respirer.

Et puis maintenant, voilà qu’il laisse penser que l’on voudrait atteindre le patrimoine des Français. Les droits de succession sont uniquement pour les 10 % de la population la plus fortunée. 90 % y échappent. Il n’est pas question de revenir sur ces règles. Mais ce que je n’accepte pas, c’est qu’il y ait eu ces derniers mois un allégement de l’impôt sur la fortune de plus de 2 milliards, le maintien du bouclier fiscal. Voilà ce qu’ils sont en définitive, ces dirigeants de droite, enclins à donner des avantages aux rentiers, et toujours durs à l’égard des salariés les plus modestes. Et bien ça changera, ça s’appellera la justice !

Je dis à nos compatriotes : n’ayez peur de rien, soyez conscients de vos atouts, de vos forces ! Nous ne ferons que redresser notre pays dans la justice et le rassembler. Nous n’atteindrons aucune liberté. Nous ne mettrons en cause aucun principe de justice et d’équité. Nous reconnaîtrons le travail à sa juste place. Nous nous battrons contre les exclusions. Nous ramènerons de l’emploi pour qu’il y ait moins de chômage. Nous donnerons également à ceux qui sont les plus pauvres — 8 millions de pauvres dans notre pays ! — un autre horizon que de rester dans une plus grande pauvreté encore. Voilà ce qui nous animera !

Sur l’emploi, ma première priorité sera de créer ce contrat de génération permettant à l’employeur qui gardera un senior le temps qu’il puisse partir à la retraite dignement et qui embauchera un jeune en contrat à durée indéterminé, d’être aidé et de ne plus payer de cotisations sociales sur les deux emplois.

Nous créerons les emplois d’avenir, les emplois-jeunes, notamment dans les quartiers où il y a le plus de chômage et le plus de précarité. Et puis, nous ferons en sorte aussi qu’il y ait dans ces quartiers des clauses d’insertion qui permettent aux entreprises qui y travaillent d’embaucher ces jeunes plutôt que de les laisser dans l’inquiétude, dans l’incertitude de leur avenir.

Nous avons une grande cause ensemble, c’est aussi la formation, l’éducation, l’école de la République. Je sais combien elle a été attaquée dans un département comme le vôtre. C’est là que l’on a mis en cause les RASED, l’accompagnement des enfants les plus en difficulté. C’est là qu’on ferme des classes. C’est là qu’on supprime les options, les dotations horaires dans les collèges. Eh bien, tout cela changera aussi ! On me dit : « 60 000 postes en cinq ans ? Aucun pays d’Europe n’a créé 60 000 postes d’enseignants, d’assistantes sociales, d’infirmières scolaires, de médecins scolaires en cinq ans ». Mais dans aucun pays d’Europe, on n’avait supprimé avant 80 000 postes d’enseignants, d’assistantes sociales ou d’infirmières !

Voilà, mes chers amis, pourquoi je voulais venir ici à Nevers dans la Nièvre, à quelques jours du grand rendez-vous du 6 mai. C’est vrai que nous avons confiance, confiance en nous-mêmes, confiance dans le peuple français. Nous sentons bien qu’il veut le changement. Il doit le décider. Et je veux ici vous dire ma fierté de vous représenter dans cette campagne présidentielle. C’est un grand honneur que vous m’avez fait, de me désigner comme candidat et, si notre peuple en décide, comme prochain président. En même temps, c’est une lourde responsabilité que de vous faire gagner cette élection. Car je veux qui ce soit votre victoire ! La victoire de ceux qui depuis toujours, ou plus récemment, combattent pour les mêmes idéaux, ceux de la justice, de l’égalité, de la dignité humaine, de la laïcité, de la liberté. C’est pour ça que je me suis engagé comme socialiste.

Mais aujourd’hui, je ne suis plus le candidat du Parti socialiste, des Radicaux de Gauche. Je suis le candidat de toute la Gauche rassemblée, et qui doit se réunir, se regrouper. C’est ce qu’elle a fait dès le soir du premier tour, avec Jean-Luc Mélenchon, avec Eva Joly. Et donc, il était important que ces paroles soient prononcées et que rassemblement soit fait.

Mais je suis aussi le candidat qui doit élargir encore, pour que tous ceux qui veulent le changement puissent se retrouver derrière ma candidature. Je pense aussi à ceux qui ont une certaine idée de la France, qui ne voulaient pas la voir abîmée, abaissée comme elle l’a été depuis cinq ans. Je pense à ceux qui ont une exigence morale dans le comportement de ceux qui doivent diriger la France, ceux qui veulent une justice indépendante, qui veulent une administration impartiale, qui veulent aussi qu’il n’y a pas de protections, de privilèges. Ceux-là, ils sont dans le mouvement avec nous ! Et puis, il y a aussi tous nos concitoyens qui ne savent plus vers qui se tourner, qui doutent de l’avenir, de la politique, qui se défient même de la démocratie. Nous ne devons pas les laisser de côté. Nous devons aller les chercher, toutes ces femmes, tous ces hommes qui se mettent en rupture — en rupture par rapport à eux-mêmes, par rapport à la République. Aucun d’entre eux ne doit être laissé dans des mains qui ne seraient pas celles de la démocratie et de la République !

Mais je l’ai dit, moi, je veux promettre mais je ne veux pas me compromettre. Et jamais ne cèderai sur les principes, sur les valeurs et sur la République. Voilà pourquoi nous sommes un rassemblement plus large qu’au départ celui que je pouvais incarner. Je pense que demain, le prochain président devra rassembler, rassembler encore. Parce que le pays est fatigué, fatigué de ce qui lui a été fait depuis cinq ans. Le pays a été brutalisé par des phrases, par des mots, par des politiques. Le pays a été fragmenté entre autant de catégories qu’il en existait. Et donc, ce pays demande réconciliation, apaisement, respect, considération, honneur. Et moi, je veux respecter tous les concitoyens quels qu’ils soient, quels que soient leur sensibilité, leur couleur de peau, leur parcours, leur origine. Et je ne mets pas la religion dans le débat public. La religion, elle doit rester à sa place. Et aucune religion ne doit être montrée du doigt, pas davantage s’imposer à nous !

Voilà pourquoi je voulais être parmi vous ce 1er mai. Merci d’avoir répondu à notre invitation. Nous aurons toujours, au mois de mai, de beaux anniversaires. Et je voudrais tant que les jeunes générations puissent vivre d’abord le 1er mai, fête du travail, fête des travailleurs, puis le 6 mai, victoire de la Gauche, du changement, du redressement, de la justice. Et puis, nous n’oublierons jamais le 10 mai, parce que tout est né de cette belle victoire de François Mitterrand. Tout à l’heure on disait — c’est toi Monsieur le Maire — qu’il y avait des liens qui nous unissaient, Nièvre, Corrèze. Je suis élu de la Corrèze. Pierre Bérégovoy d’ailleurs, avant de venir dans la Nièvre, avait fait un passage en Corrèze, parce que la Corrèze inspire toujours… Et donc, nos deux départements sont liés. Et ici, je suis autant chez moi qu’en Corrèze ! Et je me suis donné un objectif, être le deuxième président de la Corrèze et être enfin le successeur de François Mitterrand. Faites en sorte qu’il en soit ainsi !

Je ne vous demande pas comme d’autres votre aide. Je ne vous dis pas que j’ai besoin de vous. Je ne vous supplie pas. Non, je vous dis : soyez fiers d’être citoyens de la République française, faites votre devoir, servez la République, servez la France et permettez le changement !

Merci, merci de votre confiance !

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